La courbe de tes yeux fait le tour de mon coeur,
Un rond de danse et de douceur,
Auréole du temps, berceau nocturne et sûr,
Et si je ne sais plus tout ce que j'ai vécu
C'est que tes yeux ne m'ont pas toujours vu.

Feuilles de jour et mousse de rosée,
Roseaux du vent, sourires parfumés,
Ailes couvrant le monde de lumière,
Bateaux chargés du ciel et de la mer,
Chasseurs des bruits et sources des couleurs,

Parfums éclos d'une couvée d'aurores
Qui gît toujours sur la paille des astres,
Comme le jour dépend de l'innocence
Le monde entier dépend de tes yeux purs
Et tout mon sang coule dans leurs regards.

- entre Oct. 1924 et aout 1926 -

<< Je voulais dire que la vie, je la veux, je ferai n'importe quoi pour l'avoir, toute la vie possible, même si je deviens folle, peu importe, je deviendrai folle tant pis mais la vie je ne veux pas la rater, je la veux, vraiment, même si ça devait faire mal à en mourir c'est vivre que je veux. J'y  arriverai, n'est-ce pas ?>>
euh

c'est-à-dire

                        je n'ose pas

ah

peut-être

                  eh bien

          enfin je...

                  oh non

mais si

(il rougit)

                                   quand il est timide
                l'amour
                          a des silences
             infinis
Les images brouillées de ses multiples faces passaient du bleu intense à l'azur le plus léger, pour devenir presque blanches. Ses yeux orangés, très nombreux un moment, furent soudain une myriade argentée d'étoiles.
Elle est - mais elle n'est qu'à minuit quand tous les oiseaux blancs ont refermé leurs ailes sur l'ignorance des ténèbres, quand la soeur des myriades de perles a caché ses deux mains dans sa chevelure morte, quand le triomphateur se plaît à sangloter, las de ses dévotions à la curiosité, mâle et brillante armure de luxure. Elle est si douce qu'elle a transformé mon coeur. J'avais peur des grandes ombres qui tissent les tapis du jeu et les toilettes, j'avais peur des contorsions du soleil le soir, des incassables branches qui purifient les fenêtres de tous les confessionaux où des femmes endormies nous attendent.
-Lire, dit-il, c'est cela toujours : une chose est là, une chose faite d'écriture, un objet solide, matériel, qu'on ne peut pas changer; et à travers cette chose on entre en quelque chose qui fait partie du monde immatériel, invisible, parce qu'elle est seulement pensable, ou imaginable, ou parce qu'elle a été et n'existe plus, parce qu'elle est passé, disparue, inaccessible, perdue au royaume des morts...
Les premières amours. Les plus violentes. Nous sommes immortels du haut de nos quinze, seize, dix-sept ans... On regarde la vie comme une éternité où tout reste à faire. Une aventure magnifique. Vivre. Vivre. La fête à Fillos ou celle sur la place de Vernet-les-Bains. Instants de vraie vie. La vie qui brûle,  si belle. Les amis à la vie, à la mort. Un sourire qui nous démonte et nous explose à la gueule. L'amour. Dans les moments de doute, quand j'ai quatre-vingts-quatre ans, je pioche dans ces éclats de vie. Fermer les yeux et retrouver cette odeur. Amoureux. Quinze, seize, dix sept ans... Il n'y a que l'amour, le reste, on s'en fout.



Tu sais ce qui est beau, ici ? Regarde : on marche, on laisse toutes ses traces sur le sable, et elles restent là, précises, bien en ligne. Mais demain tu te lèveras, tu regarderas cette grand plage et il n'y aura plus rien , plus une trace, plus aucun signe, rien. La mer efface, la nuit. La marée recouvre. Comme si personne n'était jamais passé. comme si nous n'avions jamais existé. S'il y a, dans le monde, un endroit où tu peux penser que tu n'es rien, cet endroit, c'est ici. Ce n'est plus la terre, et ce n'est pas encore la mer. Ce n'est pas une vie fausse, et ce n'est pas une vie vraie. C'est du temps. du temps qui passe. Rien d'autre.

La vie des autres est un champs d'observation infini où les détails engrangés vous permettent d'avancer en vous-même comme dans une enquête criminelle. On ne s'ennuie jamais à contempler l'heur ou le malheur d'autrui tant il vous renseigne plus efficacement que n'importe quel docteur de l'âme sur vos propres désordres. Tant il est vrai aussi que ce qui vous saute aux yeux, vous irrite ou vous tord les entrailles est le reflet exact de vos propres manques, défauts ou souffrances que vous vous obstinez à niez, à mettre de côté.

a-lombre-de-vos-sourires

<< Dès qu'il effleurait le violon avec son archet, ton coeur tressaillait, et au coup d'archet suivant, ton coeur s'arrêtait de battre pendant qu'il continuait à jouer en riant. Quand on l'écoutait, on avait envie à la fois envie de rire et de pleurer. Il arrivait que quelqu'un se mette à gémir à côté de toi et son appel au secours te déchirait la poitrine comme un couteau. Parfois, tout à coup, tu pouvais entendre la streppe lorsqu'elle raconte au ciel des histoire tristes. Et puis suivaient les larmes d'une jeune fille qui fesait ses adieux à son valeureux bien-aimé. Et soudain - eh! c'était un chant d'amour libre, plein de joie de vivre qui se déployait et tu voyais alors comme le soleil dansait au dessus des nuages! >>

<< Première majuscule, | 6 | 7 | 8 | 9 | 10 | 11 | Point final. >>

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