- Et nous pouvons être heureux pour toujours, n'est ce pas ? Je sais que ça à l'air ridicule étant donné que je suis la fille de maman et toi avec toutes ces femmes. Mais j'y crois et c'est possible. Je sais que c'est possible. Je t'ai aimé toute ma vie et si ça c'est possible, il est possible d'être heureux, non ? Dis que ça l'est, en tout cas.
- Je pense que oui.
Il avait toujours dit que ça l'était. Pas dans cette voiture pourtant. Mais il l'avait suffisamment dit dans ce coin aussi et il l'avait cru. ç'aurait été possible aussi. Tout était possible une fois. C'était possible sur cette route, sur cette portion qui s'étendait maintenant là devant le canal qui coulait, clair et rapide, sur la droite de la route et sur lequel l'indien faisait avancer sa pirogue. Il n'y avait pas d'Indien à présent. C'était avant. Quand c'était possible. Avant que les oiseaux ne partent. C'était l'année avant celle de la dinde. L'année avant le gros serpent à sonnettes, ce fut l'année où ils virent l'indien faire avancer sa pirogue et le chevreuil dans la boucle du canal, avec sa poitrine et sa gorge blanches, avec ses pattes fines et ses sabots aux formes délicates de coeur brisé, redresser la tête au magnifiques cornes miniatures dans la direction de l'Indien. Ils avaient arrêté la voiture et parlé à l'Indien, mais il ne comprenait pas l'anglais et avait grimacé et le petit chevreuil était là, mort, les yeux ouverts regardant fixement l'Indien. C'était possible alors et pendant cinq ans ensuite. Mais qu'est ce qui était possible à présent ? Rien n'était possible sauf si lui-même l'était et il devait dire les choses s'il devait y avoir une chance qu'elles soient vraies. Même si c'était mauvais de les dire, il devait les dire. Elles ne seraient jamais vraies s'il ne les disait pas. Il devait les dire et alors peut-être il pourrait les sentir et peut-être alors il pourrait les croire. Et peut-être alors elles pourraient être vraies. Peut-être est un mot si atroce, pensa-t-il, mais il l'est encore plus à la fin d'un cigare.
- Je pense que oui.
Il avait toujours dit que ça l'était. Pas dans cette voiture pourtant. Mais il l'avait suffisamment dit dans ce coin aussi et il l'avait cru. ç'aurait été possible aussi. Tout était possible une fois. C'était possible sur cette route, sur cette portion qui s'étendait maintenant là devant le canal qui coulait, clair et rapide, sur la droite de la route et sur lequel l'indien faisait avancer sa pirogue. Il n'y avait pas d'Indien à présent. C'était avant. Quand c'était possible. Avant que les oiseaux ne partent. C'était l'année avant celle de la dinde. L'année avant le gros serpent à sonnettes, ce fut l'année où ils virent l'indien faire avancer sa pirogue et le chevreuil dans la boucle du canal, avec sa poitrine et sa gorge blanches, avec ses pattes fines et ses sabots aux formes délicates de coeur brisé, redresser la tête au magnifiques cornes miniatures dans la direction de l'Indien. Ils avaient arrêté la voiture et parlé à l'Indien, mais il ne comprenait pas l'anglais et avait grimacé et le petit chevreuil était là, mort, les yeux ouverts regardant fixement l'Indien. C'était possible alors et pendant cinq ans ensuite. Mais qu'est ce qui était possible à présent ? Rien n'était possible sauf si lui-même l'était et il devait dire les choses s'il devait y avoir une chance qu'elles soient vraies. Même si c'était mauvais de les dire, il devait les dire. Elles ne seraient jamais vraies s'il ne les disait pas. Il devait les dire et alors peut-être il pourrait les sentir et peut-être alors il pourrait les croire. Et peut-être alors elles pourraient être vraies. Peut-être est un mot si atroce, pensa-t-il, mais il l'est encore plus à la fin d'un cigare.