J'aimerais qu'il arrête de s'essuyer les pieds sur mes rêves.




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Je découvre l'étrange mécanique de son cœur. Elle fonctionne avec un système de coquille auto protectrice, liée à l'abyssal manque de confiance qui l'habite. Une absence d'estime de soi se bagarrant avec une détermination hors du commun. Les étincelles que produit Miss Acacia en chantant sont les éclats de ses propres fêlures. Elle est capable de les projeter sur scène, mais dès que la musique s'arrête, elle perd l'équilibre. Je n'ai pas encore trouvé l'engrenage cassé en elle.
Le code d'entrée de son cœur change tous les soirs. Parfois, la coquille est dure comme un roc. J'ai beau tenter milles combinaison en forme de caresses et de mots réconfortants, je reste à la porte. Pourtant, j'aime tant la faire craquer cette coquille! Entendre ce petit bruit lorsqu'elle se désamorce, voir la fossette qui se creuse au coin de ses lèvres qui semble dire "Souffle !" Le système de protection qui vole en doux éclats.


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Les lampadaires nous regardent avec un air genre « Contrôle d'identité,s'il vous plaît. Veuillez sortir les étoiles de vos poches, de vos cheveux, de vos yeux. Tout ce qui brille, vous le déposez dans le sac en plastique : vos sourires, vous souvenirs, vous n'en aurez plus besoin là où vous allez maintenant. »


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Est-ce qu'il ne fait pas trop froid là bas, est-ce que tu sais les fleurs sur le toit de toi, est-ce que tu sais pour l'arbre que l'on va devoir couper, est-ce que tu sais pour le vent qui agite les volets de la cuisine et secoue ton ombre sur le carrelage?

Maintenant il fait tout le temps nuit sur toi.

Tu reçois des lettres, on les donne à lire à tes vêtements, ça ne les déplie pas. Est-ce que je peux t'envoyer un peu d'Espagne, du bon champagne et deux,trois livres, maintenant qu'ils te foutent la paix avec leurs tuyaux dans le nez et dans le ventre, que tu n'as plus à te forcer à manger et à décrocher le téléphone?

Maintenant qu'il fait tout le temps nuit sur toi.

Est-ce que tu es partie te cacher dans un caillou, un plat à tarte, un nouveau-né, un tissu, un oeuf, une broderie et comment c'est maintenant qu'il fait nuit tout le temps?

Est-ce que ça va mieux, est-ce que c'est léger comme une bulle de laisser son corps juste là, tel un vêtement abîmé que l'on ne peut plus porter? C'est fini ce poids qui écrasait ton sourire ? Qui écrasait ton vente, qui t'écrasait ? Tu as pu t'échapper,dis ? Avec ton sourire en poche, maintenant qu'il fait tout le temps nuit sur toi?

Même les yogourt au fruit dans le frigo ont un goût de fané. On a beau se mettre à la limonade toute neuve, du genre geyser de goulot tendre comme un orage de sucre dans l'oesophage, rien. Un cimetière de plus, de la nuit, du froid et encore une nouvelle couche de nuit. Nous on voit rien, on te voit plus, on n'y voit plus rien, on ne sait plus grand-chose. On marche dans la nuit et on ne te trouve pas, faut dire qu'on les confond toutes ces nuit noires, épaisses comme du tissu, pas beaucoup d'étoiles, tout se ressemble.

Il y a bien les souvenirs mais quelqu'un les a électrifiés et connectés à nos cils, dès qu'on y pense, on a les yeux qui brûlent.

Maintenant qu'il fait tout le temps nuit sur toi.


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" Quand le réveil à sonné, il trancha le petit réseau de carotides broussailleuses qui irriguait mon cerveau. Du coup, les rêves se sont mis à gicler partout dans la chambre, ensanglantés et vifs comme des flèches. Des morceaux de montagne bleue éclatés contre les murs,des fantômes pendus à la tringle à rideau, d'autre en train de griller sur le filament d'une ampoule, là, sur la table de chevet et partout sur ma peau.
Je me suis douché et j'ai bien insisté pour rincer toutes les parties de mon corps, parce que les rêves séchés, après ça gratte sous les habits. Mais toute la journée, j'ai cligné des yeux, sans doute les miettes d'un rêve de sable coincé sous les paupières. "




" Si tu as peur de te faire mal, tu augmentes les chances, justement, de te faire mal. Regarde les funambules, tu crois qu'ils pensent au fait qu'ils vont peut-être tomber lorsqu'ils marchent sur la corde raide? Non, ils acceptent ce risque, et goûtent le plaisir que braver le danger leur procure. Si tu passes ta vie à faire attention de ne rien te casser, tu vas terriblement t'ennuyer, tu sais... Je ne connais rien de plus amusant que l'imprudence! Regarde-toi! Je dis "imprudence" et tes yeux s'allument! Ah ah! "

didine-nerveuse

(merci pour cet espace)

Si c'était pas une histoire de tradition et de respect pour les autres " habitants" du cimetière, en plus des fleurs, je t'amènerais des gâteaux et des livres. Des oiseaux, il faut des oiseaux, je vais planter des oeufs d'oiseaux, j'irai en cachette et tu finiras par éclore de nouveau, j'irai t'arroser, je bois tellement de limonade que mes larmes ont des bulles, est-ce que ça marche de s'échapper dans une bulle ? J'irai recueillir tout ça, et tu ne te perdras pas dans la terre noire, j'organiserai ton évasion. Les employés municipaux et les gens qui travaillent la mort n'y croiront pas, ils diront peut-être que ça ne se fait pas, mais j'y arriverai.

J'enfouis mon ombre de géant dans le trou de mon coeur, sorte de machine à laver avec du sang à la place de l'eau et de la peau à la place du linge. Temps de séchage : une vie entière. Louise

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