Ich war steif und kalt, ich war eine Brücke, über einem Abgrund lag ich, diesseits waren die Fussspitzen, jenseits die Hände eingebohrt, in bröckelndem Lehm hatte ich mich festgebissen. Die Schösse meines Rockes wehten zu meinem Seiten. In der Tiefe lärmte der eisige Forellenbach. Kein Tourist verirrte sich zu dieser unwegsamen Höhe, die Brücke war in den Karten noch nicht eingezeichnet. So lag ich und wartete ; ich musste warten ; ohne abzustürzen kann keine einmal errichtete Brücke aufhören Brücke zu sein.   
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C'est la contemplation silencieuse des atlas, à plat ventre sur le tapis, entre dix et treize ans, qui donne ainsi l'envie de tout planter là. Songez à des régions comme le Banat, la Caspienne, le Cachemire, aux musiques qui y résonnent, aux regards qu'on y croise, aux idées qui vous y attendent... Lorsque le désir résiste aux premières atteintes du bon sens, on lui cherche des raisons. Et on en trouve qui ne valent rien. La vérité, c'est qu'on ne sait nommer ce qui vous pousse. Quelque chose en vous grandit et détache les amarres, jusqu'au jour où, pas trop sûr de soi, on s'en va pour de bon.
Il reste toujours quelque chose de l'enfance, toujours...






Aux fées.
     Ma voisine me souriait et j'avais envie de la prendre en photo mais pas parce qu'elle était belle, non , parce qu'elle était vivante.
    Je me disais: est-ce que tu arriverais à attraper et à garder toutes ces choses vivantes sur du papier? Je pensais à certains portraits de Richard Avedon. Parce que tout est là, pour moi, c'est déjà rare de rencontrer des gens vivants qui le soient vraiment, mais en plus ,pouvoir extraire de leur regard et de leur peau et de leurs gestes cette grâce qui les rends si beaux... Je crois que c'est la seule chose qui m'intéresse.
C'est une merveille d'ignorer l'avenir.
On croit que, lorsqu'une chose finit, une autre recommence tout de suite.
Non. Entre les deux, c'est la pagaille.
[...]
En fait, tu te prends pour quelqu'un d'ordinaire.
C'est peut-être une question de confiance en toi.
Peut-être qu'avant moi personne
ne s'était soucié de relever ce qu'il y a
de plus intéressant chez toi.
Je crois que vous, les humains, vous êtes tous un peu jaloux les uns des autres, alors vous ne vous incitez pas à montrer vos meilleurs côtés.
C'est plutôt "le clou qui dépasse attire le marteau".
[...]
Ce matin-là, tu es autorisée à te rendre dans une petite cour pour y jeter des détritus. Deux hommes du pavillon voisin sont occupés à peindre des barreaux. En passant derrière eux, tu te saisis d'un pot de peinture et tu te précipites à l'intérieur du bâtiment. Tu roules en boule un morceau de papier resté au fond du panier, tu le plonges dans le pot, et cédant à une furieuse impulsion, tu écris avec rage  sur un mur, sur la porte des surveillantes, du médecins, en grandes lettres noires dégoulinantes, ces mots qui depuis des jours te déchirent la tête

je crève

parlez-moi

parlez- moi

si vous trouviez
les mots dont j'ai besoin
vous me délivreriez
de ce qui m'étouffe
  Tes yeux. Immenses. Ton regard doux et patient où brûle ce feu qui te consume. Où sans relâche la nuit meurtrit ta lumière. Dans l'âtre, le feu qui ronfle, et toi, appuyée de l'épaule contre le manteau de la cheminée. A tes pieds, ce chien au regard vif et si souvent levé vers toi. Dehors, la neige et la brume. Le cauchemar des hivers. De leur nuit  interminable. La route impraticable, et fréquemment, tu songes à un départ , une vie autre, à l'infini des chemins. Ta morne existence dans ce village. Ta solitude. Ces secondes indéfiniment distendues quand tu vacilles à la limite du supportable. Tes mots noués dans ta gorge. A chaque printemps, cet appel, cet élan, ta force enfin revenue. La route neuve et qui brille. Ce point souvent scruté où elle coupe l'horizon. Mais à quoi bon partir. Toute fuite est vaine et tu le sais. Les longues heures spacieuses, toujours trop courtes, où tu vas et viens en toi, attentive, anxieuse, fouaillée par les questions qui alimentent ton incessant soliloque. Nul pour t'écouter, te comprendre, t'accompagner. Partir, partir, laisser tomber les chaînes, mais ce qui ronge, comment s'en défaire ?Au fond de toi, cette plainte, ce cri rauque qui est allé s'amplifiant, mais que tu réprimais, refusais, niais, et qui au fil des jours, au fils des ans, a fini par t'étouffer. La nuit interminable des hivers. Tu sombrais. Te laissais vaincre. Admettais que la vie ne pourrait renaître. A jamais les routes interdites, enfouies, perdues. Mais ces instants où tu lâchais les amarres, te livrais éperdument à  la flamme, où tu laissais s'épanouir ce qui te poussait  à t'aventurer toujours plus loin, te maintenait les yeux ouverts face à l'inconnu. tu n'aurais osé le reconnaître, mais à maintes reprises, il est certain que l'immense et l'amour ont déferlé sur tes terres. Puis comme un coup qui t'aurait brisé la nuque, ce brutal retour au quotidien, à la solitude, à la nuit qui n'en finissait pas. Effondrée, hagarde. Incapable de reprendre pieds.
  Te ressusciter. Te recréer. Te dire au fil des ans et des hivers avec cette lumière qui te portait, mais qui un jour, pour ton malheur et le mien, s'est déchirée.


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