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« Un beau brin de fille. On s'en est payé une bonne tranche. En voiture, Simone ! Comme qui rigole. C'est bête comme chou. Au plaisir ! Il est chouette, ton futal. Je t'ai fait dans la nique. En route, mauvaise troupe ! T'as l'bonjour d'Alfred ! Il est dans le vent. Et mon cul, c'est du poulet ? Y'a du monde au balcon. Elle est belle comme un camion. Faut pas pousser mémé dans les orties. C'est reparti comme en 14 ! Lâche-moi les baskets ! C'est un loubard. J'ai les glandes. Minute, papillon ! A fond les ballons. Purée ! C'est une chic fille. C'est dans la poche ! »
Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.

Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.

Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et, quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.
(MeL)
(en images)
Un souffle sur ses lèvres fit rater un battement à l'horloge folle dans sa poitrine.
Un bruissement d'herbe.
Une caresse sur sa joue.
Il ouvrit les yeux. Un larme humecta sa bouche juste avant que celle de Clélia ne s'y pose, douce, chaude. Aimante.
Il referma ses bras sur elle.
Son coeur était un oiseau.
Ils s'envolèrent.
Rappelez-vous l'objet que nous vîmes, mon âme,
Ce beau matin d'été si doux :
Au détour d'un sentier une charogne infâme
Sur un lit semé de cailloux,

Les jambes en l'air, comme une femme lubrique,
Brûlante et suant les poisons,
Ouvrait d'une façon nonchalante et cynique
Son ventre plein d'exhalaisons.

Le soleil rayonnait sur cette pourriture,
Comme afin de la cuire à point,
Et de rendre au centuple à la grande nature
Tout ce qu'ensemble elle avait joint ;

Et le ciel regardait la carcasse superbe
Comme une fleur s'épanouir.
La puanteur était si forte, que sur l'herbe
Vous crûtes vous évanouir.

Les mouches bourdonnaient sur ce ventre putride,
D'où sortaient de noirs bataillons
De larves, qui coulaient comme un épais liquide
Le long de ces vivants haillons.

Tout cela descendait, montait comme une vague,
Ou s'élançait en pétillant ;
On eût dit que le corps, enflé d'un souffle vague,
Vivait en se multipliant.

Et ce monde rendait une étrange musique,
Comme l'eau courante et le vent,
Ou le grain qu'un vanneur d'un mouvement rythmique
Agite et tourne dans son van.

Les formes s'effaçaient et n'étaient plus qu'un rêve,
Une ébauche lente à venir,
Sur la toile oubliée, et que l'artiste achève
Seulement par le souvenir.

Derrière les rochers une chienne inquiète
Nous regardait d'un oeil fâché,
Épiant le moment de reprendre au squelette
Le morceau qu'elle avait lâché.

Et pourtant vous serez semblable à cette ordure,
A cette horrible infection,
Étoile de mes yeux, soleil de ma nature,
Vous, mon ange et ma passion !

Oui ! telle vous serez, ô reine des grâces,
Après les derniers sacrements,
Quand vous irez, sous l'herbe et les floraisons grasses.
Moisir parmi les ossements.

Alors, ô ma beauté ! dites à la vermine
Qui vous mangera de baisers,
Que j'ai gardé la forme et l'essence divine
De mes amours décomposés !
(MeL)

Les choses les plus importantes sont-elles celles que l'on sait, ou celles que l'on cherche ?


J'ai essayé d'expliquer à mes parents que la vie, c'était un drôle de cadeau. Au départ, on le surestime, ce cadeau: on croit avoir reçu la vie éternelle. Après, on le sous-estime, on le trouve pourri, trop court, on serait presque prêt à le jeter. Enfin, on se rend compte que ce n'était pas un cadeau, mais juste un prêt. Alors on essaie de le mériter. Moi qui ai cent ans, je sais de quoi je parle. Plus on vieillit, plus faut faire preuve de goût pour apprécier la vie. On doit devenir raffiné, artiste. N'importe quel crétin peut jouir de la vie à dix ou à vingt ans, mais à cent, quand on ne peut plus bouger, faut user de son intelligence.



Sa peau avait un goût de petit beurre et d'huile sauvage, de quatre heures sur une plage. Au réveil, le nez dans ses cheveux, son odeur me serrait l'estomac sans que je sache si c'était l'amour ou la faim. J'aimais prendre mon petit déjeuner avec elle dans les miettes et les bises, les caresses qui collent. Elle me demandait: « Tu es content? » et ça me faisait plaisir qu'elle ne me dise pas « heureux ». Je répondais la bouche pleine. Elle posait son oreille contre ma poitrine et elle disait « Ton coeur sonne occupé. »


AIMEE. Je ne me souviens de rien et ce que je sais, je le sais parce qu'on me l'a appris. Je ne me souviens ni de la fin de la guerre du Vietnam ni du début de la guerre du Liban et je confond la Crise d'octobre avec l'Immaculée Conception avec
mai 68 parce qu'on m'interdit d'injurier l'un ou l'autre. Je suis née à Rimouski et je vis à Montréal, mais j'aurais très bien bien pu naître en Floride et vivre à Honolulu. Je ne suis jamais allée en Europe, ou en Asie et encore moins en Afrique et la seule fois où j'ai traversé une frontière, c'était pour aller à Plattsburgh de l'autre côté des lignes américaines pour m'acheter une TV 26 pouces. Je ne sais plus exactement quand on a marché sur la lune, je sais seulement que c'est après la mort de Kennedy parce que je suis née quelque part entre les deux, mais pourquoi on a tué Kennedy et pourquoi je suis née, fouillez-moi. Je ne me souviens même pas de la dernière tempête de neige, à peine si je peux me souvenir du visage de ma mère adoptive, de mon père adoptif, mort et enterrés. Je peux prononcer le prénom Baptiste parce que c'est celui de l'homme que j'aime, même s'il me casse les oreilles avec son mortier et sa truelle or, aimer un homme a encore un certain sens, je l'avoue! Mais pour être tout à fait honnête, mes chers amis artistes, je me sens un peu perdue quand on s'exclame devant la chute du mur de Berlin. Je ne dis pas que ce n'est pas un événement historique, je dis seulement que ça n'a jamais fait partie de ma vie! Jamais personne, ici, ne m'a empêcher d'emprunter telle ou telle rue pour rendre visite à mon oncle ma tante mon chien ou whatever! Je n'y pensais pas au mur de Berlin! Notre enthousiasme est proportionnel- pour ne pas dire promotionnel - à notre lecture des journaux. Il suffit qu'une guerre éclate à Tombouctou pour qu'on s'intéresse aux Tombouctois, qu'on monte des pièces de théâtre tombouctoises et qu'on se mette à faire des tomboucto'ô ton! Je ne savais même pas ce que représentait le D dans  R.D.A., puis d'un jour ou l'autre, il faut être content et être ému! Comment voulez-vous être ému pour le mur de Berlin alors que personne ne vous encourage à vous révoltez dans votre propre pays! En plus, il faut donner son opinion! J'en ai pas d'opinion, fuck, je ne sais même pas ce que je vais faire demain, comment voulez-vous que je puisse avoir un opinion  sur un mur que je ne sais même pas pas qui l'a construit ni pourquoi! Notre vie doit être assez plate pour avoir besoin du bonheur des autres! 




Le long du hangar, en plein soleil. 

Charles s’approche de Rodolfe. 

CHARLES.- Je viens te dire adieu. Il faut que je parte, vite, avant qu’il ne soit trop tard. 

Mais je ne pourrais pas partir sans t’avoir dit adieu. 

RODOLFE.- Ferme ta gueule. Je suis déjà à demi sourd et tu me remplis les oreilles. J’ai 

déjà entendu ce que j’avais envie d’entendre. 

CHARLES.- Tu es à demi sourd et à demi aveugle pour tout le monde, mais je crois bien 

que moi, tu m’entends et tu me vois, parce qu’avec moi, il n’y a pas besoin de ruse. Tu 

sais, je suis aussi sourd que toi, aussi aveugle que toi pour tout ce qui nous entoure ici, 

c’est pourquoi je veux partir quand je le peux encore. Mais à toi seul il fallait que je dise 

adieu, toi seul aura entendu mon adieu et, sachant cela, je serai tranquille. 

RODOLFE.- Je ne veux pas t’entendre, toi. 

CHARLES.- Tu m’entendras quand même. 

RODOLFE.- Qu’est-ce que tu veux exactement ? Je n’y vois pas grand chose et je n’entends 

pas bien. Qui es-tu exactement ? 

CHARLES.- Je suis ton fils, Charles, Carlos. 

RODOLFE.- Je n’en sais rien et toi non plus, toi encore moins. Qui est-ce qui peut suivre les 

pérégrinations de l’eau depuis la source jusqu’à la mer en étant sûr de ne pas se tromper ? 

Je n’ai aucune raison de perdre mon temps à t’écouter. 

CHARLES.- Aide-moi à partir. Je n’ai pas encore fait de mal qui mérite une punition ; est- 

ce que tu trouverais juste, toi, qu’à l’âge où j’ai besoin de femmes pour les baiser, de 

costumes à acheter, de voitures à conduire, à l’âge où je pourrais gagner de l’argent pour 

tout cela, je continue à dépenser cet âge-là et cet argent-là à entretenir la mort d’une 

vieille, et, quand elle mourra, il ne me restera rien à moi ? et à nourrir une fille pour des 

garçons que je ne connais même pas et quand ils la ramasseront, fin prête, à moi, il ne me 

restera plus rien, mon âge sera passé et mon fric en même temps ? C’est pourquoi je te 

demande ta bénédiction comme tu m’as appris qu’un fils doit demander à son père quand 

il quitte la maison. 

RODOLFE.- Demande à ta mère et fous-moi la paix. 

CHARLES.- Je ne veux rien demander à ma mère. 

RODOLFE.- Tu as raison. C’est une chienne. Cette chienne profite de ce que je peux à 

peine marcher et que je ne peux plus cracher que des demi-crachats. Cette sauvage 

traînait dans le ruisseau ; c’est moi qui l’ai pêchée comme un têtard dans l’étang, qui l’ai 

lavée et habillée, qui lui ai tout appris, comment marcher, manger, rire, pleurer, appris 

que la terre était ronde et que le soleil tourne autour, appris une langue correcte elle qui 

ne parlait qu’une langue obscène, appris la religion ; et une fois nourrie, habillée, sachant 

cracher dans les crachoirs et se laver les doigts dans les rince-doigts, la sauvage s’est 

réveillée en elle et elle s’est mise à travailler à mon malheur, sans raison, pour son foutu 

plaisir de sauvage. Ainsi la pourriture gagne un fruit sain, mais jamais la santé ne regagne 

un fruit pourri. 

CHARLES.- Alors dons, tu penses qu’il est juste que je parte. 

RODOLFE.-Rien du tout, je ne pense rien du tout, je suis beaucoup trop vieux et trop con 

pour penser ; je veux seulement que tu me foutes la paix. 

CHARLES.- Et moi ce que je veux, c’est ne pas être maudit ; je veux bien que tous me 

condamnent, mais je sais que si toi tu as entendu mon adieu sans me maudire, je ne 

tournerai pas toute ma vie sans pouvoir me débarrasser de cette condamnation, comme 

ceux que leur père a maudits, c’est toi-même qui m’as appris cela. 

RODOLFE.- De toute façon ta mère te maudira ; alors fous-moi la paix et tourne en rond. 

CHARLES.- Je me fous de la malédiction de ma mère. 

RODOLFE.- Tu as raison ; Les femmes maudissent le matin et bénissent tout d’un coup 

pendant la nuit, et quand le matin se lèvent, elles remaudissent et bénissent encore une 

fois à midi, c’est comme un vent qui souffle dans un sens et dans l’autre et laisse les 

arbres tout droits. Mais ma malédiction à moi, elle est comme une poignée de sel que je 

jetterai dans le thé , et rien ne pourra plus rendre le thé buvable. 

CHARLES.- C’est pour cela que je ne veux pas que tu le fasses. 

RODOLFE.- Je le ferai quand même, je le ferai quand même, compte sur moi. 

CHARLES.- Pourquoi ? qu’est-ce que tu attends, encore ? Je te regarde et je vois que tu ne 

peux presque plus marcher, que tu es à demi sourd et aveugle, que la vie t’a 

complètement cassé, et que tu es vieux. J’admire l’homme fort, autoritaire, j’admire 

l’homme de trente ans qui est autour de toi comme ton ombre, et dont je me souviens un 

peu. Mais aujourd’hui cet homme-là n’est qu’une ombre, et ce qui existe vraiment, c’est 

un homme vieux, brisé, dont les morceaux ne seront jamais recollés. Tandis que moi, 

regarde-moi, les morceaux ne sont pas encore brisés, c’est ma vieillesse qui est autour de 

moi comme une ombre, mais la réalité est encore solide. A toi, on ne peut plus te faire de 

mal. Tu peux bien ne plus espérer conduire une voiture, tu peux bien ne plus t’inquiéter 

de comment tu t’habilles, tu peux bien abandonner l’idée de baiser une femme. On ne 

peut plus t’empêcher de faire cela, puisque tu ne le feras de toutes façons plus. Mais à 

moi, on peut encore me faire du mal. Et si l’avenir a pitié des vieillards et les oublie, les 

vieillards peuvent bien avoir pitié de ceux que l’avenir guette comme une ennemi. 

RODOLFE.- Je ne comprends rien à ce que tu dis, la guerre et la vieillesse m’ont rendu à 

demi débile, je ne sais même plus exactement qui je suis, alors qu’est-ce que tu viens me 

réclamer, à moi ? 

CHARLES.- Tu es mon père, que tu le veuilles ou non, et cela, ta vieille cervelle ne peut 

pas l’oublier. 

RODOLFE.- Comment es-tu si sûr que je sois ton père, toi, alors que je ne le suis pas moi- 

même ? De toute façon, les mères sont les papas et les mamans à la fois ; un père, c’est 

comme une petite averse au-dessus de l’océan, pas le temps de voir où les foutues gouttes 

ont filé. Et puis, je n’en ai rien à foutre. 

CHARLES.- Alors, je veux, du moins, que tu te souviennes de moi. Seulement cela. Je veux 

rester dans le souvenir de quelqu’un pour ne pas mourir, même dans le souvenir d’une 

vieille cervelle comme la tienne. Cela, tu ne me le refuseras pas. Tu ne peux pas me le 

refuser. 

RODOLFE.- Bien sûr que je le peux. J’oublie tout, je n’ai plus de mémoire. D’ailleurs, je 

t’ai déjà oublié. 

CHARLES.- Pourquoi est-ce que tu veux mon malheur ? 

RODOLFE.- Parce que je ne te veux rien. 

Charles sort.

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