S'il n'y avait que sept merveilles du "monde" sur la terre, cela ne vaudrait pas la peine d'y aller voir.
Sans parler de la mer, des femmes ou du soleil, chaque caillou a son histoire. Chaque taillis sa forêt vierge, chaque ruine sa muraille de Chine, ses falaises d'Étretat, et le moindre coin de rue ses jardins suspendus.
L'échelle humaine est un outil très approximatif et le plus laid des poux sur la tête du plus chauve des hommes, c'est quelqu'un.
Le moindre grain de sable est grandeur nature. Mais la nature n'est pas mégalomane: elle est nature. Et dans sa chambre verte, elle aide aussi bien le peintre que le photographe à développer tous les portraits de ses décors, tous les échos de ses couleurs, toutes les figures de ses ballets.




Ce n'est pas moi qui chante
c'est les fleurs que j'ai vues
ce n'est pas moi qui ris
c'est le vin que j'ai bu
ce n'est pas moi qui pleure
c'est mon amour perdu.






Un seul oiseau en cage
la liberté est en deuil
Oh ma jeunesse
laisse à ma joie de vivre
la force de tuer.


 

Barbara

Rappelle-toi Barbara
Il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour-là
Et tu marchais souriante
Épanouie, ravie, ruisselante
Sous la pluie
Rappelle-toi Barbara
Il pleuvait sans cesse sur Brest
Et je t’ai croisé rue de Siam
Tu souriais
Et moi je souriais de même
Rappelle-toi Barbara
Toi que je ne connaissais pas
Toi qui ne me connaissais pas
Rappelle-toi
Rappelle-toi quand même ce jour-là
N’oublie pas
Un homme sous un porche s’abritait
Et il a crié ton nom
Barbara
Et tu as couru vers lui sous la pluie
Ruisselante, ravie, épanouie
Et tu t’es jetée dans ses bras
Rappelle-toi cela Barbara
Et ne m’en veux pas si je te tutoie
Je dis tu à tous ceux que j’aime
Même si je ne les ai vu qu’une seule fois
Je dis tu à tous ceux qui s’aiment
Même si je ne les connais pas
Rappelle-toi Barbara
N’oublie pas
Cette pluie sage et heureuse
Sur ton visage heureux
Sur cette ville heureuse
Cette pluie sur la mer
Sur l’arsenal
Sur le bateau d’Ouessant
Oh Barbara
Quelle connerie la guerre
Qu’es-tu devenue maintenant
Sous cette pluie de fer
De feu d’acier de sang
Et celui qui te serrait dans ses bras
Amoureusement
Est-il mort disparu ou encore vivant
Oh Barbara
Il pleut sans cesse sur Brest
Comme il pleuvait avant
Mais ce n’est plus pareil et tout est abîmé
C’est une pluie de deuil, terrible et désolée
Ce n’est même plus l’orage
De fer d’acier et de sang
Tout simplement des nuages
Qui crèvent comme des chiens
Des chiens qui disparaissent
Au fil de l’eau sur Brest
Et vont pourrir au loin
Au loin, très loin de Brest
Dont il ne reste rien.

Et n'oublie pas la belle étoile ma belle
celle que tu sais
N'oublie pas l'astre de ceux qui s'aiment
l'astre de l'instant même de l'éternité
l'étourdissante étoile du plaisir partagé

Prévert, Paroles

<< Première majuscule, | 1 | Point final. >>

Créer un podcast