PREFACE EXTRAORDINAIRE.
Genève, le 21 juin 2001.
Cher Jeune,
C'est avec plaisir et amusement que je te livre ces deux pièces en patûre, j'espère seulement que tu n'en feras pas n'importe quoi - tu pourras les manger, çe ne me dérange pas. Pour parler honnêtement, sache tout d'abord que ces pièces n'ont nullement été écrites pour toi spécifiquement, et que les raisons qui m'ont poussées à accepter cette publication sont toutes matérielles, car tu es un Marché, Jeune, au-delà de ton concept, et tu m'en vois confus. C'est pourquoi je te suis néanmoins reconnaissant d'accepter cet ouvrage, que tu jugeras bien sûr avec ton intelligence de Jeune - je ne sais malheureusement pas ton âge, je t'imagine comme un tranche, un 14-18, un 12-27 peut-être, et comme on change à cet âge là... Les jeunes filles s'empourprent facilement, les garçons s'emportent, mais surtout ça et là pointent des espaces nouveaux à investir, et des rêves de réussite dans le monde du commerce et des services qu'il te faudra oublier en lisant ces pages; nous n'aborderons que très peu la question de ta réussite sociale.
Je ne te dirai pas comment il faut lire les pièces car je suppose que tu sais lire, je te dirai seulement comment il ne faut pas les lire ni les jouer.
Tout d'abord, Méhari et Adrien, les personnages clés de Méhari et Adrien, ne sont pas des enfants. Je te le dis à toi comme je le dirais à un moins jeune, car on peut penser au premier abord qu'ils sont des enfants, et ce, même lorsqu'on n'est pas jeune. Mais non. Ils ont un rapport amoureux enfantin, car comme tu le découvriras plus tard, à moins que tu ne l'aies déjà éprouvé, le rapport amoureux est une régression. Une régression somme toute positive, puisqu'elle rouvre les portes du jeu, jeu que tu n'aurais jamais dû abandonner pour entamer ta préparation à la carrière de chef de servive ou d'agent médiateur pour la RATP - il est encore temps de te retourner et d'aller élever des chèvres. C'est aussi une pièce d'images, et si tu l'abordes du côté de la mise en scène, tu veilleras à la rendre plus fluide qu'elle n'apparaît peut-être sur la papier. Tu chercheras à éliminer ces "noirs" dont j'avais la manie lorsque je l'ai écrite - j'étais moi-même jeune alors, moins que toi, je te rassure, mais jeune encore. Enfin, dans les deux passages oniriques, il ne faut pas que Méhari apparaisse physiquement telle qu'elle est dans le reste de la pièce. Elle doit donner l'impression de se retrouver dans un autre corps, trop grand ou trop petit. Idem pour Adrien, quand il la rejoint. C'est seulement dans la dernière scène du "Petit théatre de Méhari", lorsque leurs têtes surgissent des petits chars, que le public retrouve leurs vrais visages.
Concernant Gzion, la pièce est, certes, une aventure spatiale, mais le vaisseau est très secondaire, et si seuls le vaisseau et les costumes ridicules t'excitent, je préfère que tu laisses tomber. En revanche si le bizarre et le burlesque de la situation t'attirent, tente ta chance - là encore je ne te dis pas ça parce que tu es jeune, c'est une considération générale, tout comme ce qui suit, j'ai bon espoir que des vieux liront aussi cet ouvrage, et si tu es vexé parce ce que je te tutoie, sache que je le fais exprès, pour que tu n'hésites pas à ma manquer de respect par la suite. Sur la question de l'ours, il est bon de savoir que Ptol ne se pense pas déguisé en ours, le public peut l'imaginer - peut-être même le doit-il - mais ni son interprête ni son metteur en scène ne doivent jouer ce credo là. Ptol n'est pas déguisé en ours, Turt et York sont persuadés qu'il l'est. Ptol croit qu'ils le mènent en bateau et Turt et York sont persuadés que Ptol que c'est lui. Evidemment, à ce stade des rapports humains, on ne peut plus se comprendre. Voilà. Et si cette petite troupe de cosmonautes t'amuse, n'oublie pas qu'il faut les jouer avec le plus grand sérieux, car le comique n'est pas une affaire de grimaces - tu joueras la situation en tâchant de nous faire oublier le texte et tout le monde sera heureux, y compris ta grand-mère.
Maintenant je te laisse découvrir ces deux petits textes qui te plairont surement.
Bonne lecture, et n'oublie pas de dire à tes parents que je vends aussi du shampooing, bio.
Cher Jeune,
C'est avec plaisir et amusement que je te livre ces deux pièces en patûre, j'espère seulement que tu n'en feras pas n'importe quoi - tu pourras les manger, çe ne me dérange pas. Pour parler honnêtement, sache tout d'abord que ces pièces n'ont nullement été écrites pour toi spécifiquement, et que les raisons qui m'ont poussées à accepter cette publication sont toutes matérielles, car tu es un Marché, Jeune, au-delà de ton concept, et tu m'en vois confus. C'est pourquoi je te suis néanmoins reconnaissant d'accepter cet ouvrage, que tu jugeras bien sûr avec ton intelligence de Jeune - je ne sais malheureusement pas ton âge, je t'imagine comme un tranche, un 14-18, un 12-27 peut-être, et comme on change à cet âge là... Les jeunes filles s'empourprent facilement, les garçons s'emportent, mais surtout ça et là pointent des espaces nouveaux à investir, et des rêves de réussite dans le monde du commerce et des services qu'il te faudra oublier en lisant ces pages; nous n'aborderons que très peu la question de ta réussite sociale.
Je ne te dirai pas comment il faut lire les pièces car je suppose que tu sais lire, je te dirai seulement comment il ne faut pas les lire ni les jouer.
Tout d'abord, Méhari et Adrien, les personnages clés de Méhari et Adrien, ne sont pas des enfants. Je te le dis à toi comme je le dirais à un moins jeune, car on peut penser au premier abord qu'ils sont des enfants, et ce, même lorsqu'on n'est pas jeune. Mais non. Ils ont un rapport amoureux enfantin, car comme tu le découvriras plus tard, à moins que tu ne l'aies déjà éprouvé, le rapport amoureux est une régression. Une régression somme toute positive, puisqu'elle rouvre les portes du jeu, jeu que tu n'aurais jamais dû abandonner pour entamer ta préparation à la carrière de chef de servive ou d'agent médiateur pour la RATP - il est encore temps de te retourner et d'aller élever des chèvres. C'est aussi une pièce d'images, et si tu l'abordes du côté de la mise en scène, tu veilleras à la rendre plus fluide qu'elle n'apparaît peut-être sur la papier. Tu chercheras à éliminer ces "noirs" dont j'avais la manie lorsque je l'ai écrite - j'étais moi-même jeune alors, moins que toi, je te rassure, mais jeune encore. Enfin, dans les deux passages oniriques, il ne faut pas que Méhari apparaisse physiquement telle qu'elle est dans le reste de la pièce. Elle doit donner l'impression de se retrouver dans un autre corps, trop grand ou trop petit. Idem pour Adrien, quand il la rejoint. C'est seulement dans la dernière scène du "Petit théatre de Méhari", lorsque leurs têtes surgissent des petits chars, que le public retrouve leurs vrais visages.
Concernant Gzion, la pièce est, certes, une aventure spatiale, mais le vaisseau est très secondaire, et si seuls le vaisseau et les costumes ridicules t'excitent, je préfère que tu laisses tomber. En revanche si le bizarre et le burlesque de la situation t'attirent, tente ta chance - là encore je ne te dis pas ça parce que tu es jeune, c'est une considération générale, tout comme ce qui suit, j'ai bon espoir que des vieux liront aussi cet ouvrage, et si tu es vexé parce ce que je te tutoie, sache que je le fais exprès, pour que tu n'hésites pas à ma manquer de respect par la suite. Sur la question de l'ours, il est bon de savoir que Ptol ne se pense pas déguisé en ours, le public peut l'imaginer - peut-être même le doit-il - mais ni son interprête ni son metteur en scène ne doivent jouer ce credo là. Ptol n'est pas déguisé en ours, Turt et York sont persuadés qu'il l'est. Ptol croit qu'ils le mènent en bateau et Turt et York sont persuadés que Ptol que c'est lui. Evidemment, à ce stade des rapports humains, on ne peut plus se comprendre. Voilà. Et si cette petite troupe de cosmonautes t'amuse, n'oublie pas qu'il faut les jouer avec le plus grand sérieux, car le comique n'est pas une affaire de grimaces - tu joueras la situation en tâchant de nous faire oublier le texte et tout le monde sera heureux, y compris ta grand-mère.
Maintenant je te laisse découvrir ces deux petits textes qui te plairont surement.
Bonne lecture, et n'oublie pas de dire à tes parents que je vends aussi du shampooing, bio.
Hervé Blutsch
---(louise)---
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