« Chaque homme est seul et tous se fichent de tous et nos douleurs sont une île déserte. Ce n’est pas une raison pour ne pas se consoler, ce soir, dans les bruits finissants de la rue, se consoler, ce soir, avec des mots. Oh, le pauvre perdu qui, devant sa table, se console avec des mots, devant sa table et le téléphone décroché, car il a peur du dehors, et le soir, si le téléphone est décroché, il se sent tout roi et défendu contre les méchants du dehors, si vite méchants, méchants pour rien. »

"J'écris des livres, c'est à dire que je suis livreur. Je livre à domicile, mes livraisons sont gratuites et ma livrée, ce sont les mots"
Murdoch.- Norvège, toi et moi, nous sommes des assoiffés
                   des assoiffés de vie et de beauté.
La vie ça tient de diverse choses
en un sens ça ne se discute pas
Mais on peut toujours changer de sens



Ce n'est pas moi qui chante
c'est les fleurs que j'ai vues
ce n'est pas moi qui ris
c'est le vin que j'ai bu
ce n'est pas moi qui pleure
c'est mon amour perdu.



j'ai volé
dans un ciel de nuit
étoiles et voie lactée
j'ai fendu l'air en silence
et j'ai crié
crié
pour arracher à mes pourmons
le trop-plein de bonheur
et le laisser flotter
léger
entre terre et nuages
dans la nuit
j'ai volé
et juré
à la lune imbécile
aux étoiles mortes
de ne jamais
jamais
atterrir
Je crois, moi,
que c'est à cause
mon Bon Seigneur,
que c'est à cause,
oui, je le crois,
de la mer.
La mer
fait divaguer les vagues
et les pensées
et les voiliers
et même ta tête
elle aussi
divague
et les routes
qui hier étaient là
aujourd'hui n'y sont pas.
C'est au point que je crois,
moi, je crois,
que cette idée
que Vous avez eue,
celle du déluge universel,
fut, disons-le, géniale,
et belle, comme idée.
Parce que
si on veut
trouver
un châtiment
je me demande
s'il est possible
d'inventer mieux
que de laisser un pauvre diable
là tout seul au milieu
de l'océan.
Pas même un plage.
Rien.
Ou un rocher.
Ou une épave abandonnée.
Pas même.
Pas un seul signe
pour comprendre
où aller
pour aller
mourir.

    Ce fut leur premier enterrement et les garçons hésitèrent
une seconde avant de lâcher leurs poignées de paillettes et
de confettis au-dessus du cercueil : Qui était ce Maurice
Charpieu ?
    Personne ne vint les saluer.

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Boon.-  J'ai compris que la beauté est en nous. Mais plus on vit dans
                 la laideur, dans la dureté, plus cette beauté en nous s'enlaidit.
Frôlée par les ombres des morts
Sur l'herbe où le jour s'exténue
L'arlequine s'est mise nue
Et dans l'étang mire son corps

Un charlatan crépusculaire
Vante les tours que l'on va faire
Le ciel sans teinte est constellé
D'astres pâles comme du lait

Sur les tréteaux l'arlequin blême
Salue d'abord les spectateurs
Des sorciers venus de Bohême
Quelques fées et les enchanteurs

Ayant décroché une étoile
Il la manie à bras tendu
Tandis que des pieds un pendu
Sonne en mesure les cymbales

L'aveugle berce un bel enfant
La biche passe avec ses faons
Le nain regarde d'un air triste
Grandir l'arlequin trismégiste

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