Le monde, il ne l'avait peut-être jamais vu. Mais ça faisait vingt-sept ans que le monde y passait, sur ce bateau: et ça faisait vingt-sept ans que Novecento, sur ce bateau, le guettait. Et lui volait son âme.
    Il avait du génie pour ça, il faut le dire. Il savait écouter. Et il savait lire. Pas les livres, ça tout le monde peut, lui, ce qu'il savait lire, c'était les gens. Les signes que les gens emportent avec eux: les endroits, les bruits, les odeurs, leur terre, leur histoire... écrite sur eux, du début à la fin. Et lui, il la lisait, et avec un soin infini, il cataloguait, il répertoriait, il classait... Chaque jour, il ajoutait un petit quelque chose à cette carte immense qui se dessinait peu à peu dans sa tête, une immense carte, la carte du monde, du monde tout entier, d'un bout jusqu'à l'autre, des villes gigantesques et des comptoirs de bar, des longs fleuves et des petites flaques, et des avions, et des lions, une carte gigantesque. Et ensuite il voyageait dessus, comme un dieu, pendant que ses doigts se promenaient sur les touches en caressant les courbes d'un ragtime.

 

Par http://www.utlconcarneau.fr le Mardi 7 juillet 2015 à 10:46
thanks
Par http://www.r-e-v-i.fr le Jeudi 14 janvier 2016 à 9:16
Le journal de l'auteur situé en fin d'ouvrage est le petit plus, expliquant bien ses objectifs qui sont atteints!
 

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