"Mon Anouk...

S' il y avait un paradis, tu serais déjà en train de vamper saint Pierre...

Si.

Je te vois.

Je te vois lui papilloter la barbe et lui prendre ses clefs des mains pour les faire brilles contre ta hanche.

Quand tu étais en forme, rien ne te résistait, et quand nous étions enfants, tu nous emmenais au ciel quand tu voulais.

Combien de porte ton sourir a-t-il enfoncées? De queues avons-nous gurgées? De mètres avons-nous resquillés? De panneaux avons-nous retournés, contournés, bravés?

Combien de bras d'honneur, de grincheux, de barrières et d'interdits?

<<Donnez-moi la main les gars, conspirais-tu, et tout va bien se passer...>> Et nous adorions ça, que nous appelles les gars alors que nous sucions encore nos pouces et que tu nous broies les phalanges en montant à l'assaut. Nous avions les chocottes, et même aussi un peu mal quelquefois, mais nous t'aurions suivie au bout du monde.

"

[ pages 118-119 ]

Scarlett, merci pour ce blog. C'est captivant toutes ces lectures...

    Mon Anouk...
    S' il y avait un paradis, tu serais déjà en train de vamper
saint Pierre...
    Si.
    Je te vois.
    Je te vois lui papilloter la barbe et lui prendre ses clefs des
mains pour les faire briller contre ta hanche.
    Quand tu étais en forme, rien ne te résistait, et quand
nous étions enfants, tu nous emmenais au ciel quand tu
voulais.
    Combien de porte ton sourire  a-t-il enfoncées? De
queues avons-nous grugées? De mètres avons-nous res-
quillés? De panneaux avons-nous retournés, contournés,
bravés?
    Combien de bras d'honneur, de grincheux, de barrières
et d'interdits?
    <<Donnez-moi la main les gars, conspirais-tu, et tout va
bien se passer...>> Et nous adorions ça, que nous appelles
les gars alors que nous sucions encore nos pouces et que tu
nous broies les phalanges en montant à l'assaut. Nous
avions les chocottes, et même aussi un peu mal quelquefois,
mais nous t'aurions suivie au bout du monde.

 

[ pages 118-119 ]


 

Parce qu'un vieil homme qui a proféré des milliers de phrases pleines de sagesse sur la nécessité d'affronter le passé ne peut pas - ne peut pas - accepter le sien.






* * * * *





M

Inspirée, elle plia le genou devant lui, et si noblement qu'elle renversa la théière, les tasses, le pot à lait et toutes les rondelles de citron. Agenouillés, ils se souriaient, dents éclatantes, dents de jeunesse. Agenouillés, ils étaient ridicules, ils étaient fiers et beaux, et vivre était sublime.
NOVA
Joue le jeu. Menace le travail encore plus. Ne sois pas le personnage principal. Cherche la confrontation. Mais n'ai pas d'intention. Evite les arrière-pensées. Ne tais rien. Sois doux et fort. Sois malin, interviens et méprise la victoire. N'observe pas, n'examine pas, mais reste prêt pour les signes, vigilant. Sois ébranlable. Montre tes yeux, entraîne les autres dans ce qui est profond, prends soin de l'espace et considère chacun dans son image. Ne décide qu'enthousiasmé. Echoue avec tranquillité. Surtout aie du temps et fais des détours. Laisse-toi distraire. Mets-toi pour ainsi dire en congé. Ne néglige la voix d'aucun arbre, d'aucune eau. Entre où tu as envie et accorde-toi le soleil. Oublie ta famille, donne de la force aux inconnus, penche-toi sur les détails, pars où il n'y a personne, fous-toi du drame du destin, dédaigne le malheur, apaise le conflit de ton rire. Mets toi dans tes couleurs, sois dans ton droit, et que le bruit des feuilles devienne doux. Passe par les villages, je te suis.

Chaque cerveau est comme un cirque,
on y trouve éternellement un cheval égaré.

T'es croyante?
- Non. Enfin,si... quand j'écoute ce genre de musique, quand j'entre dans une très belle église ou quand je vois une tableau qui m'émeut, une Annonciation par exemple, mon cœur enfle tellement que j'ai l'impression de croire en Dieu, mais je me trompe : c'est en Vivaldi que je crois... En Vivaldi, en Bach, en Haendel ou en Fra Angelico... ce sont eux les dieux... L'autre, le Vieux, c'est un prétexte... C'est d'ailleurs la seule qualité que je lui trouve : d'avoir été assez fort pour leur avoir inspiré à tous, tous ces chefs-d'œuvre...

On jouait pour les faire danser, parce que si tu danses, tu ne meurs pas, et tu te sens Dieu. Et on jouait du ragtime, parce que c'est la musique sur laquelle Dieu danse quand personne ne le regarde.
Si laquelle Dieu danserait, si il était nègre.

Est-ce que toutes les femmes, toutes, n'ont pas cette faculté d'oubli prodigieuse qui leur fait reconnaitre à peine, après quelques années, l'homme à qui elles ont donné leur bouche et tout leur corps à baiser ? Le baiser frappe comme la foudre, l'amour passe comme un orage, puis la vie, de nouveau, se calme comme le ciel et recommence ainsi qu'avant. Se souvient-on d'un nuage ?

<< Première majuscule, | 15 | 16 | 17 | 18 | 19 | 20 | Point final. >>

Créer un podcast